Faire œuvre avec les œuvres
Sur cette page, vous découvrirez plusieurs dispositifs qui visent à développer chez le lecteur (jeune ou moins jeune) sa capacité à lire finement une œuvre en écrivant, en créant. Chacun de ces dispositifs est éclairé par quelques apports théoriques.
Ecrire le journal d'un personnage...
Aagun -
Thierry Dedieu
Dedieu met en scène dans cet album des villageois attaqués régulièrement par des pilleurs. Leur seigneur leur envoie Aagun pour les défendre. Mais à leurs yeux, il a un comportement pour le moins étrange !
L'enjeu de la lecture est de comprendre quelles sont les intentions cachées de ce personnage. Le lecteur est en fait contraint par l'auteur à la formulation d'hypothèses puisqu'il ne dévoile rien des motivations du personnage. Seules les conséquences de ses actions peuvent le guider. Mais il trouvera à la fin de l'histoire les éléments nécessaires à la vérification de ses hypothèses.
Ecrire le journal de ce personnage est particulièrement intéressant parce que son auteur devra justifier chacune de ces actions. S'il y parvient, il démontrera toute sa finesse de lecture. Relevez-vous le défi ?
Ci-dessous, mon exemplaire...
Le journal du personnage "Aagun"
Quelques éléments théoriques en écho
La réécriture
prêter sa voix aux sans voix (personnages, objets...)
Eva ou le pays des fleurs - Rascal
Dans cet album, Rascal et Joos mettent en scène Eva et Monsieur Maurice. C'est au fil de l'histoire que l'on comprend exactement ce qui lie ces deux personnages. Le récit n'est pas explicite. C'est donc au lecteur à produire le sens en cherchant ce qui se cache derrière les mots, les images, les situations décrites...
La réécriture du point de vue de Monsieur Maurice permet au lecteur de montrer qu'il s'est bien approprié cette histoire.
La mission : imaginer le récit que Monsieur Maurice fait au gendarme qui vient de l'arrêter.
Eva ou le pays des fleurs - Rascal
Une "réécriture" sous forme de vidéo : la parole à Monsieur Maurice
Une écriture - "plagiat"
Albert
Dans un petit recoin, tout au fond de la cour, on entend Tout casser de Vegedream. C’est un jour particulier. Toute la bande est là. C’est un jour de fête. Le chef, André, a désigné ceux qui peuvent devenir apache. Pour Albert, c’est un grand jour.
Il faut apporter la preuve de son courage, et seul, se confronter au gorille.
Sous un soleil de plomb, marcher, franchir la première cour, contourner les maîtresses, se sentir rocher, forcément, renard bien sûr, caméléon certainement, ours très peu.
Epier, scruter, oublier la peur qui serre le ventre, attendre que les maîtresses tournent le dos, s’armer de courage et s’élancer.
Alors Albert croisa le regard de gorille.
« S’il te plaît, Léon m’a bousculé hier. Je suis tombé dans les escaliers. Alfred m’a traité de tous les noms ce matin en arrivant. Joseph a jeté ma trousse par la fenêtre quand la maîtresse avait le dos tourné. Je n’en peux plus.
Soit tu fais comme les autres et tu passes pour un dur aux yeux de la bande, soit tu me laisses tranquille, et à tes propres yeux, tu sors grandi, mais banni, tu le seras par tes pairs. »
Albert regarda gorille pendant quelques minutes puis s’en alla.
Dans le petit recoin, la bande, André, tous l’attendaient. Un grand silence accueillit Albert.
Ses compagnons, Léon, Alfred, Joseph devinrent des apaches respecté de tous. A Albert, ils n’adressèrent plus la parole.
Albert avait choisi... le gorille.
C’est à peu près à cette époque que Yakouba... le gorille, ne fut plus jamais ennuyé par les Apaches.
Catherine Bourgoin