Relations texte/images


Relation texte/images



Le rapport du texte et de l'image


Le rapport de redondance


La mise en relation du texte et de l'image ne produit pas de sens supplémentaire. "Dans ce type de rapport, les deux narrations sont isotopiques. Le texte et l'image renvoient chacun au même récit, ils se centrent sur des personnages, des actions et des événements rigoureusement identiques. Les contenus narratifs se trouvent - totalement ou partiellement - superposés. L'un ou l'autre peut en dire plus. Par définition, des contenus identiques sont impossibles, texte et image relevant de langages différents. La redondance concerne la congruence du propos, ce qui n'empêche pas l'image de fournir des détails sur les décors ou de développer un propos esthétique particulier. La redondance s'exerce sur le sens principal que véhiculent les deux messages. L'une des deux voix narratives peut être largement dominante sans que l'autre ne soit nécessaire à la compréhension globale du récit. On pourrait tout aussi bien s'en passer. Le support prééminent, texte ou image, n'a pas besoin de l'autre pour développer l'essentiel de son propos." (Van der Linden)


Le rapport de collaboration


Textes et images travaillent conjointement en vue d'un sens commun. (...) Articulés, textes et images construisent un propos unique. Dans un rapport de collaboration, le sens n'est contenu ni dans l'image ni dans le texte : il émerge de leur mise en relation. Plus les messages respectifs paraissent éloignés les uns des autres, plus le travail du lecteur sera important pour faire émerger la signification. Ce décalage peut aller jusqu'à prendre la forme d'un fonctionnement ironique. 


Le rapport de disjonction


La disjonction des contenus peut prendre la forme d'histoires ou de narrations parallèles. Texte et image n'entrent pas en stricte contradiction mais on ne peut repérer aucun point de convergence. Un rapport de contraction strict peut également être observé. La contradiction flagrante interroge le lecteur, mais contrairement au décalage "producteur" d'ironie, elle laisse ouvert le champ des interprétations, sans que le lecteur ne soit orienté vers un sens défini. (Van der Linden)

Les fonctions respectives du texte et de l'image

"La littérature, ce n'est pas mettre des mots bout-à-bout pour "traiter un thème", c'est inventer avec des mots un rythme capable de créer, chez le lecteur, une at


La fonction de répétition


Le message porté par l'instance secondaire peut simplement répéter, dans un autre langage, le message véhiculé par l'instance prioritaire. La lecture du second message n'apporte alors aucune information supplémentaire, le lecteur a le sentiment de lire autrement le même message. Ce type de fonction induit un rapport de redondance. Loin d'être inintéressant, outre le confort de lecture qu'il peut apporter au jeune lecteur, il permet d'instaurer un rythme, une habitude de lecture qui pourra donner d'autant plus de poids à un effet de contradiction par exemple. " (Van der Linden)


La fonction de sélection


Le texte peut sélectionner une partie du message de l'image. Un texte peut par exemple s'attacher à ne mentionner que certains éléments précis d'une image en montrant une multitude. Une image peut de la même manière se concentrer sur un aspect, un point de vue précis du récit. (Van der Linden)


La fonction de révélation


L'une des deux instances peut véritablement donner du sens à l'autre. L'apport du texte ou de l'image peut ainsi se révéler indispensable pour la compréhension de l'autre qui, sans cela, resterait obscur. (Van der Linden)


La fonction complétive


L'interprétation de la seconde expression sur  la prioritaire peut donner lieu à la production d'un sens global. L'une complète l'autre, livre des informations lui faisant défaut, comble ses lacunes constituant un apport indispensable à une compréhension d'ensemble. Le texte peut aussi apporter une contribution déterminante à la signification d'ensemble en retranscrivant les dialogues liés à une scène figurée par l'image. (Van der Linden)

L'image concomitante à la fin du texte représentant les quatre mères guettant le retour de leurs enfants figure un sous-entendu de la dernière phrase. (Van der Linden)


La fonction de contrepoint


L'une des expressions peut se poser en contrepoint de l'autre, notamment par un décalage vis-à-vis des attentes générées par l'instance première, par exemple en ne mentionnant pas un élément pourtant central. Mais la seconde instance peut aussi tout simplement dire le contraire. (Van der Linden)


La fonction d'amplification


L'un ne peut en dire plus que l'autre sans le contredire ni le répéter. Il étend la portée de son propos en apportant un discours supplémentaire ou en proposant une interprétation. Cette fonction d'amplification peut se réaliser très finement par un traitement plastique particulier ou des détails des illustrations par exemple.


Sophie Van der Linden (Lire l'album) distingue

  • l'instant prégnant : il s'agit de "représenter un événement par la seule représentation d'un instant qui en exprime l'essence". Cette image concentre alors toutes les caractéristiques essentielles, les représentations de cet instant prégnant relèvent nécessairement d'une recomposition." C'est en fait la juxtaposition de fragments appartenant à des instants différents.
  • l'instant quelconque : il s'agit d' "un instantané apte à susciter une impression de réalité." "L'image véhicule une idée de "naturel" à l'opposé de l'artificialité outrancière de l'instant prégnant. Cette notion d'instant quelconque implique l'idée d'un déroulé actanciel lent dans des images qui relèvent davantage de la description d'une situation que de la figuration d'une action. (...) L'image ne cherche pas à rendre l'illusion du mouvement."
  • l'instant mouvement : il s'agit ici de saisir l'essence d'une action en en restituant le plus bref instant, en réduisant au minimum la durée représentée, "ceci, paradoxalement, pour augmenter la force suggestive de l'image". "De telles images figurent un instant caractéristique d'une action complète."


Le mouvement peut être exprimé par des traits de mouvement ou des effets de flous ou encore par le fait de répéter une figure dans une même image.

Les "nombreuses images d'album montrant un plan d'ensemble faisant cohabiter une multitude de personnages ou de scènes indépendantes répondent à l'expression de la simultanéité. (...) Un fond sans perspective ni décor permet également de représenter dans un même espace des personnages simultanément présents en plusieurs endroits."


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