"La force de Yakouba tient bien évidemment à l'histoire imaginée par l'auteur, et à la puissance poétique d'un texte très économe. Mais elle résulte aussi du fait que les images, réalisées avec une épaisse peinture d'un noir mat, accentuent démesurément les contrates : ombres et lumière, mais aussi peur et courage, force et fragilité... et peut-être bien et mal. Or Dedieu nous invite précisément, dans cet album, à abandonner une vision binaire de l'existence : Yakouba n'a pas tué le lion, il est donc mis au ban de la société, et pourtant c'est lui qui est le plus utile à sa communauté, puisque les fauves n'attaquent plus le troupeau. Parce que nous sommes visuellement frappés par ces oppositions binaires, nous sommes ébranlés, à la fin du récit, par son dénouement qui invite à plus de nuance : voilà précisément ce que recherchait l'auteur ! Son choix d'un album réalisé avec une simple peinture noire sur du papier blanc est déterminant à cet égard. " (Boulaire)