L'ouverture de l'album


L'ouverture de l'album



L'album ouvert

"Aucun texte ne peut faire sens en dehors de ses renvois aux autres textes et aux réalités du monde". (Reuter) Il en est de même pour les albums.


Sur cette page, nous nous intéresserons à deux éléments : 

- les références au monde 

- l'intertextualité 

non seulement en ce qui concerne le texte mais aussi les images.

Les références au monde

Pourquoi s'intéresser à cette question ?

Il est en fait essentiel que le jeune lecteur comprenne qu'il doit s'appuyer sur ce qu'il sait du monde et des gens pour s'approprier une histoire. Il doit aussi faire la différence entre le monde de la fiction et la réalité. C'est pourquoi, pour ne pas s'y laisser prendre, il est important qu'il sache repérer comment les auteurs créent un effet de réel... 


Créer un effet de réel (à partir de Y. Reuter)


L'auteur a plusieurs possibilités pour créer cet effet : 

  • "naturaliser" la narration, c'est-à-dire faire en sorte que le discours qui met en place la fiction ne puisse être suspecté ; il ne doit pas constituer un obstacle à la croyance au monde et à l'histoire racontés. Plusieurs techniques ont été expérimentées : 
  • justifier l'origine de l'histoire : l'éditeur, l'auteur ou le narrateur indiquent en préambule au lecteur qu'ils ont reçue d'une personne digne de foi et que cela est véritablement arrivé
  • au contraire occulter l'indication de l'origine et effacer au maximum les signes de l'énonciation comme si le discours était "transparent", comme si on ne pouvait pas mettre en doute la véracité de l'histoire ; la narration se veut alors la moins subjective possible, la plus sérieuse
  • construire l'effet de réel en relation avec la subjectivité ; l'effet de réel se fonde plutôt sur l'adhésion à une vision subjective, personnelle
  • préciser l'espace-temps :
  • multiplication d'indications spatio-temporelles (dates, lieux...)
  • intrication entre histoire du récit et histoire de l'humanité par le biais de personnages connus
  • renvois au passé des personnages et à leur avenir
  • construire le vraisemblable en excluant l'extraordinaire, les incohérences... ; le système cause-conséquence est donc essentiel pour l'enchaînement et l'explication des actions. Les personnages sont explorés dans leurs dimensions les plus quotidiennes.


Dans nombre d'albums jeunesse, l'effet de réel n'est pas recherché ! Mais certains auteurs jouent avec cela...

Les références aux textes

Pourquoi s'intéresser à la transtextualité ?


"Tout récit s'inscrit dans une culture. Il renvoie aux autres textes, écrits ou oraux, qui le précèdent. " Gérard Genette nomme ce phénomène la transtextualité et distingue cinq types de relations possibles entre les textes antérieurs et le texte lu : l'intertextualité, l'hypertextualité, la paratextualité, la métatextualité, l'architextualité." (Reuter)

Il n'est pas utile de faire usage de ces termes avec des élèves de premier degré. Mais cette transtextualité est particulièrement intéressante pour permettre à l'élève d'interpréter les albums.


L'intertextualité 


Pour G. Genette c'est la "relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes". Cela peut être une citation, du plagiat (littéral mais non explicite) ou une simple allusion (implicite). Le repérage tient en grande partie à la culture du lecteur. Construire cette culture est donc indispensable pour permettre au jeune lecteur d'accéder finement aux albums qui leur sont proposés.


L'hypertextualité  


"L'hypertextualité est la relation qui unit un texte B à un texte A qui lui est antérieur et avec lequel il ne se situe pas dans un rapport commentatif mais d'imitation ou de transformation, à des fins ludiques, satiriques ou sérieuses." (Reuter)

La littérature jeunesse regorge de l'hypertextualité : toutes les réécritures des contes de Perrault...


La métatextualité  


Pour G. Genette, la relation de métatextualité est celle de la relation critique, du commentaire "qui unit un texte à un autre dont il parle", explicitement ou implicitement. 

C'est cette relation qu'entretiennent les écrits des jeunes lecteurs avec l'album qu'ils viennent de lire.


L'architextualité   


L'architextualité désigne l'inscription d'un texte dans un genre. "Cette relation est fondamentale aussi bien pour la production du texte (qui s'inscrira dans des codes préétablis) que pour sa réception." (Reuter)

L'étude des différents genres est inscrite dans les nouveaux programmes.


La paratextualité 


Pour G. Genette, la partextualité désigne "les relations que le texte entretient avec trois autres types d'écrits : le livre lui-même en tant qu'objet et les écrits qui le composent (bande, jaquette, format, couverture, titre, épigraphe, préface...) ; les écrits qui précèdent et accompagnent la composition du livre (notes, esquisses, brouillons...)" (Reuter)

Ces composantes sont importantes en ce qu'elles déterminent souvent le choix de l'ouvrage par les lecteurs mais aussi leurs attentes et même le sens que le lecteur donne au texte.

Et c'est aussi le cas pour la littérature jeunesse.

Deux articles de Laurence Allain-Forestier pour aller plus loin

Paratextualité

Intertextualité

Hypertextualité

Architextualité

Dans les genres du récit, nous comptons l'autobiographie, le récit historique, le récit initiatique, l'aventure, le policier, le fantastique, le merveilleux, la science-fiction, la fantasy, l'épopée, le documentaire-fiction. Ces différents genres sont présents dans la littérature jeunesse. Pour une définition de chaque genre, voir l'ouvrage de Myriam Tsimbidy.

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